Jirō Taniguchi (谷口 ジロー, Taniguchi Jirō) est un auteur de mangas seinen et gekiga, né le 14 août 1947 à Tottori, au Japon.
Jirō Taniguchi nait le 14 août 1947 à Tottori, au Japon, d’une famille « endettée, assez pauvre » : son père est coiffeur, sa mère femme de ménage et employée de pachinko. Enfant à la santé fragile, il passe beaucoup de temps à lire et à dessiner.
Lecteur dans sa jeunesse de mangas shōnen, il s’intéresse au seinen et au gekiga (style de manga dont la cible éditoriale est les adultes. Il signifie littéralement « dessins dramatiques ») à partir de la fin des années 1960 sous l’influence de Yoshihiro Tatsumi et du magazine Garo. Il décide de devenir mangaka en 1969, et monte alors à Tokyo où il devient l’assistant de Kyūta Ishikawa. Il publie sa première bande dessinée en 1970 : Kareta heya, puis devient assistant de Kazuo Kamimura. C’est à cette époque qu’il découvre la bande dessinée européenne, alors inconnue au Japon, et dont le style (netteté et diversité du dessin), notamment celui de la Ligne claire, va fortement l’influencer.
Il finit par prendre son indépendance et s’associe dans les années 1980 avec les scénaristes Natsuo Sekikawa (également journaliste) et Caribu Marley, avec lesquels il publiera des mangas aux styles variés : aventures, policier, mais surtout un manga historique, Au temps de Botchan, sur la littérature et la politique dans le Japon de l’ère Meiji. C’est à cette époque qu’il décide de limiter ses sorties éditoriales, bien qu’il travaille toujours « huit à neuf heures par jour ».
À partir des années 1990, il se focalise sur les choses de la vie quotidienne, et sur les relations entre êtres humains, mais aussi entre les hommes et les animaux, avec L’Homme qui marche et Terre de rêves. Suivront L’Orme du Caucase, Le Journal de mon père et Quartier lointain, édités en France dans la collection Écritures de l’éditeur Casterman.
Autour du thème de la relation entre l’homme et la nature, il s’attache particulièrement à l’alpinisme, avec K, Le Sauveteur, Le Sommet des dieux et avec la nouvelle La Terre de la promesse (dans le recueil Terre de rêves).
Son atelier se trouve dans le quartier de Kumegawa (久米川) de la ville de Higashimurayama (banlieue ouest de Tokyo).
À ses débuts, Jirō Taniguchi s’inspire avec Natsuo Sekikawa du roman noir américain, avec pour objectif d’en faire une version BD humoristique, sans grand succès. Il est également influencé par les romans animaliers, notamment ceux d’Ernest Thompson Seton dont il s’inspire pour Blanca (du nom d’un des chiens de Lobo the King of Currumpaw), et auquel il rendra hommage dans Seton.
Ses histoires plus récentes traitent de thèmes universels comme la beauté de la nature, l’attachement à la famille ou le retour en enfance. Il s’inspire d’ailleurs de sa vie personnelle : souvenirs de son enfance à Tottori dans Le Journal de mon père et Quartier lointain, débuts de mangaka à Tokyo dans Un zoo en hiver, ou relations avec ses animaux domestiques dans Terre de rêves.
Son dessin, bien que caractéristique du manga, est cependant accessible aux lecteurs qui ne connaissent que la bande dessinée occidentale. Taniguchi dit d’ailleurs trouver peu d’inspiration parmi les auteurs japonais, et est plus influencé par des auteurs européens, tels Jean Giraud, avec qui il a publié Icare, ou François Schuiten, proche comme lui de La Nouvelle Manga, mouvement initié par Frédéric Boilet, le promoteur du manga d’auteur en France. Il finit ainsi par sortir en France, en 2007, un titre sous le format de bande dessinée, La Montagne Magique, prépublié au Japon en décembre 2005 au format classique, puis une série de quatre tomes intitulée Mon Année à partir de novembre 2009, en collaboration avec le scénariste Jean-David Morvan, en attente de prépublication au Japon.
Sur les thèmes qu’il traite dans ces mangas, Jirō Taniguchi déclare :
« Si j’ai envie de raconter des petits riens de la vie quotidienne, c’est parce que j’attache de l’importance à l’expression des balancements, des incertitudes que les gens vivent au quotidien, de leurs sentiments profonds dans les relations avec les autres. […] Dans la vie quotidienne, on ne voit pas souvent des gens hurler ou pleurer en se roulant par terre. Si mes mangas ont quelque chose d’asiatique, c’est peut-être parce que je m’attache à rendre au plus près la réalité quotidienne des sentiments des personnages. Si on y pénètre en profondeur, une histoire peut apparaître même dans les plus petits et les plus banals événements du quotidien. C’est à partir de ces moments infimes que je crée mes mangas. »
Jirō Taniguchi se dit également influencé par le cinéaste Yasujirō Ozu, chez qui on retrouve le même rythme et la même simplicité :
« C’est une influence directe. J’ai été marqué par Voyage à Tokyo et Printemps tardif. Je les ai vus enfant, mais sans en apprécier toute la portée. Je m’y suis vraiment intéressé quand j’avais 30 ans. J’aime l’universalité et l’intemporalité de ses histoires et la simplicité efficace avec laquelle il les raconte. Aujourd’hui, j’y pense à chaque fois que je dessine un manga. »
Outre Voyage à Tokyo, ses films préférés sont Barberousse d’Akira Kurosawa et Le Retour d’Andreï Zviaguintsev. Et pour lui, Osamu Tezuka, Utagawa Hiroshige, Edward Hopper, Vincent van Gogh etGustav Klimt sont les cinq plus grands dessinateurs de l’Histoire.
L’oeuvre de Jirō Taniguchi a fait l’objet d’une exposition monographique en France : « Eloge du détour », produite en 2012 par l’Abbaye de Fontevraud, sous la direction artistique de Xavier Kawa-Topor, commissariat de Ilan Nguyen. Cette exposition a été présentée en différents lieux en France dont la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image à Angoulême.
La grande maison Louis Vuitton qui édite des carnets de voyage « Travel Book » a commandé auprès de Jirô Tanaiguchi un carnet de ses dessins. Ce dernier a opté pour Venise.