Confucius

(Source Wikipédia et « Les Entretiens de Confucius », coll Connaissance de l’Orient, éd Gallimard)

Confucius

Confucius

Confucius (chinois simplifié : 孔子 ; pinyin : Kǒng Zǐ ; Wade : K’ung³-tzu), de son patronyme Kong et de son prénom Qiu, son nom social étant Zhongni, né le 28 septembre 551 av. J.-C. à Zou (陬) et mort le11 mai 479 av. J.-C. à Qufu (曲阜) dans l’actuelle province du Shandong, personnage historique ayant le plus marqué la civilisation chinoise, est considéré comme le premier « éducateur » de la Chine. Son enseignement a donné naissance au confucianisme, doctrine politique et sociale érigée en religion d’État dès la dynastie Han et qui ne fut officiellement bannie qu’au début du XXème siècle, avec une résurgence en 1973.

Il est généralement appelé Kǒngzǐ (孔子) ou Kǒng Fūzǐ (孔夫子) par les Chinois, ce qui signifie « Maître Kong » et a été latinisé en Confucius par les Jésuites. Les Coréens l’appellent Kong-ja, et les Japonais, Kôshi.

Les entretiens de Confucius (crédit photo Editions Gallimard)

Les entretiens de Confucius (crédit photo Editions Gallimard)

La famille Kong (chinois archaïque Khong), était originaire de l’état de Song. Son arrière-grand-père était le ministre de la guerre de l’état de Song, Kong Fu Jia. Après que celui-ci fut assassiné, son fils Fang Shu, se réfugia dans l’état de Lu, où il mena une carrière militaire. Son fils, Shu Liang He allait suivre ses traces et aussi faire une brillante carrière militaire. La famille Kong était une famille de grands guerriers et Confucius fut le premier de sa lignée à abandonner la voie des armes.

D’après la légende, des événements extraordinaires auraient précédé sa naissance; une licorne aurait en outre, prédit sa naissance. Elle vomit une tablette de jade qui prédisait la naissance d’un enfant qui soutiendrait la déclinante dynastie Zhou. Au cours de la nuit de sa naissance, deux dragons se seraient posés sur le toit de sa maison. Cinq vieillards, qui restituaient les essences des Cinq Planètes, arrivèrent dans sa cour. Des chants célestes se seraient fait entendre. Puis finalement, des voix prophétisèrent; Le Ciel favorisera la naissance d’un fils saint.

Les historiens chinois, depuis deux mille ans, parlent de ce temps très ancien comme étant celui des « Printemps et des automnes » (春秋), faisant ainsi référence à une chronique racontant ce qu’il advint entre 771 et 481 avant J.-C. précisément dans cette région, que l’on nommait alors le pays de Lu.

Confucius présentant le Bouddha Gautama à Lao Tseu

Confucius présentant le Bouddha Gautama à Lao Tseu

La légende veut qu’il ait rencontré Lao Zi (老子), père du taoïsme. Il serait allé le trouver, à Luoyi, pour s’enrichir de connaissances concernant les rites du deuil. Ils auraient eu un long échange et au moment où Confucius allait le quitter, Lao Dan lui aurait dit;

« Selon les traditions, les gens fortunés donnent des présents à leur hôte et les gens pauvres donnent des mots. N’étant pas aisé, je puis néanmoins vous donner des mots; Un homme intelligent, grand observateur, se trouvera toujours en danger de mort, car il se plaît à parler des autres. Par son vaste savoir et son solide jugement, il en vient à découvrir ce que les autres ont de plus méprisable. Être fils comme être un simple sujet dépossède du soi. »

Après, Confucius resta sidéré et renonça à parler pendant trois jours ou un mois, tellement Lao Zi l’avait troublé.

Confucius et ses disciples

Confucius et ses disciples

Après la mort de sa mère en -530, il enseigna sa connaissance des textes anciens au petit groupe de disciples qui le suivait. Après quelques emplois subalternes à la cour du duc de Lu, il devint Grand Ministre de la Justice de Lu à l’âge de 53 ans. Cependant, après que ce duc eut préféré prendre du plaisir trois jours durant avec des danseuses au lieu d’assurer sa tâche de gouvernement, Confucius décida de quitter son poste de ministre et, en -496, partit pour quatorze années d’errance, à la recherche d’un souverain capable de l’écouter. Il rentra définitivement à Lu pour se consacrer jusqu’à sa mort, le 11 mai -479, à l’enseignement et à la compilation de textes anciens.

Les habitants de Koang veulent tuer Confucius, qu'ils prennent pour le brigand Yang-houo.

Les habitants de Koang veulent tuer Confucius, qu’ils prennent pour le brigand Yang-houo.

Yang Huo — tyran qui vivait en ce temps — était déterminé à rencontrer Confucius ; aussi décida-t-il de lui envoyer un cadeau au moment où Confucius n’était pas chez lui. D’après la tradition, un lettré qui n’est pas chez lui et qui reçoit un cadeau d’un seigneur doit aller chez ledit seigneur à pied le remercier de ses bonnes grâces. Or Confucius s’est résolu à ne pas le voir, estimant qu’il s’agissait d’un piège tendu par cet homme fourbe et cruel. Aussi décide-t-il d’aller le remercier au moment où il n’est pas chez lui, pour ne pas le voir. Cependant Yang Huo anticipe la manœuvre et prend les devants, tant et si bien que les deux se rencontrent sur le chemin. Quand il voit Yang Huo, il réalise qu’il est bel et bien piégé. Sa vivacité d’esprit le sort de cette mauvaise situation. Yang Huo voulait en fait solliciter Confucius à exercer des charges dans son pseudo-gouvernement, dans le but de semer le trouble dans le gouvernement légitime du prince Ting.

Extrait du manga "Les entretiens de Confucius", éd Soleil

Extrait du manga « Les entretiens de Confucius », éd Soleil

L’essentiel de la pensée de Confucius nous est parvenu à travers les Analectes, ou Entretiens, recueil de propos de Confucius et de ses disciples ainsi que de discussions entre eux, compilés par des disciples de deuxième génération.

Bien qu’il n’ait jamais développé sa pensée de façon théorique, on peut dessiner à grands traits ce qu’étaient ses principales préoccupations et les solutions qu’il préconisait. Partant du constat qu’il n’est pas possible de vivre avec les oiseaux et les bêtes sauvages, et qu’il faut donc vivre en bonne société avec ses semblables, Confucius tisse un réseau de valeurs dont le but est l’harmonie des relations humaines. En son temps, la Chine était divisée en royaumes indépendants et belliqueux, les luttes pour l’hégémonie rendaient la situation instable et l’ancienne dynastie des Zhou avait perdu le rôle unificateur et pacificateur que lui conférait le mandat du Ciel. Confucius voulait donc restaurer ce mandat du Ciel qui conférait le pouvoir et l’efficacité à l’empereur vertueux. Cependant, bien qu’il affirme ne rien inventer et se contenter de transmettre la sagesse ancienne, Confucius a interprété les anciennes institutions selon ses aspirations, il a semé les graines de ce que certains auteurs appellent l’« humanisme chinois ».

Mettant l’homme au centre de ses préoccupations et refusant de parler des esprits ou de la mort, Confucius n’a pas fondé de religion au sens occidental du terme, même si un culte lui a été dédié par la suite. Cherchant à fonder une morale positive, structurée par les « rites » et vivifiée par la « sincérité », mettant l’accent sur l’étude et la rectitude, Confucius représente pour les Chinois d’avant la Révolution l’éducateur par excellence, mais la lecture attentive des Entretiens montre qu’il n’a pas voulu s’ériger en maître à penser, et qu’au contraire il voulait développer chez ses disciples l’esprit critique et la réflexion personnelle : « Je lève un coin du voile, si l’étudiant ne peut découvrir les trois autres, tant pis pour lui. »

Un apport très important, et révolutionnaire en quelque sorte, de Confucius, est à chercher dans la notion de « Junzi » (« gentilhomme ») qui, avant lui, dénotait une noblesse de sang et dont il a modifié le sens pour le transformer en noblesse du cœur, un peu comme le mot anglais gentleman. Le concept central de la doctrine de Confucius est Ren, la bienveillance, dont la pratique a pour norme Li, la moralité. Son enseignement, bien que principalement orienté vers la formation de futurs hommes de pouvoir, était ouvert à tous, pas seulement aux fils de princes. On peut faire remonter à cette impulsion de départ la longue tradition des examens impériaux, chargés de pourvoir l’État en hommes intègres et cultivés, que le plus humble paysan pouvait (en théorie) tenter. Bien que cette institution « méritocratique » ait subi différents avatars et distorsions, elle a certainement joué un rôle prépondérant dans la pérennité de la culture chinoise et dans la relative stabilité de l’Empire Céleste pendant deux millénaires.

Selon Confucius, la soumission au père et au prince va de soi et garantit la cohésion des familles et du pays, mais elle s’accompagne d’un devoir de (respectueuses) remontrances si le père ou le prince vont dans la mauvaise direction. De très nombreux lettrés chinois, se réclamant à juste titre de l’enseignement de leur Maître, ont péri ou été bannis, pour avoir osé critiquer l’empereur quand celui-ci, sous l’influence de courtisans ou de prêtres taoïstes, ne prenait plus soin de son peuple et laissait le pays sombrer dans la famine ou la guerre civile.

Tombe de Confucius

Tombe de Confucius

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