L’Homme qui épousa une renarde (conte japonais)

Un Homme confronté à l'apparition de la déesse renard

Un Homme confronté à l’apparition de la déesse renard

L’homme qui épousa une renarde

(Traduit par Niji Fuyono)

Il y a très longtemps, l’empereur Kinmei régnait ce pays.
Un homme habitait à Minonokuni (préfecture Gifu). 
Un jour, il monta à cheval et parti à la recherche d’une belle. Il espérait rencontrer une jeune fille qui accepterait de devenir sa femme. 
Par hasard, dans une plaine spacieuse, rassérénée, il aperçut une jeune fille. Celle-ci s’approche de lui assez familièrement et lui fit du charme. L’homme qui souriait dans son coeur, lui cligna de l’oeil et répondit à ses avances. 
Il l’interpella: « Hé, …… mademoiselle, où allez-vous ? »
La femme lui répondit: « Je parcours le pays afin de trouver un bon mari. »
L’homme proposa alors à la jeune fille de devenir sa femme. 
« Oui, c’est entendu, je vous accepte », répondit-elle.
Cet homme l’emmena dans sa maison. Ils se marièrent et vivait maintenant ensemble.

Quelques mois s’écoulèrent. 
La femme devint enceinte et mit au monde un garçon le jour du 15 décembre. Or, ce même jour et au même moment, la chienne que l’homme possédait mit bas un chiot. Ce dernier ne supportait pas la femme de la maison. Lorsqu’il se trouvait en face d’elle, il semblait irrité par sa présence. 
Il l’attaquait violemment, la fixait d’un regard hostile, aboyait bruyamment, les dents retroussées et dirigées contre elle. 
Chaque jour, le chiot manifestait sa colère, de jour en jour, il enflait l’animosité contre elle. 
La femme, effrayée, tremblait de peur. 
Un jour, elle supplia son mari: « Mon cher, …… tuez, assommez ce chien, je vous en prie ! » 
Mais son mari, qui avait pitié de son chien, ne pouvait se résoudre à le tuer.

C’était en février ou en mars, c’était le temps de piler le riz dans un mortier. 
Un jour, l’épouse entra dans une cabane où se trouvait le mortier pour piler le riz; il lui fallait préparer des goûters pour ses ouvrières. 
Soudain, la chienne qui était la mère du chiot, se mit à la poursuivre en grognant. Sa voix embêtante se jeta sur cette ménagère et menaçait de la mordre. La ménagère fut terrifiée, eu beaucoup d’effroi. 
Aussitot, elle se métamorphosa en renarde et s’enfuit au plus vite. Elle alla se réfugier sur une corbeille et s’y assit. Son mari l’aperçut. 
Il lui dit: « Ma chérie, …… comme je t’aime ! Nous, toi et moi, nous vivons ensemble, nous sommes devenus intimes, liés profondément, et, nous avons reçu un enfant par la grâce……, n’est-ce pas ? Jamais je ne t’oublierai…… Viens chez moi, quand tu le voudras, couchons ensemble. Je t’attends…… » 
Et. 
Ainsi, la renarde se rendit chez l’homme qui était son mari et passa la nuit avec lui. Elle se souvenait de la promesse de l’homme. 
Dès lors, la femme fut appelée Kitsune (*ki-tsu-né) qui signifie « vient, aime, couche ».

Un jour, l’homme vit sa femme venir à lui, vêtue d’une longue jupe dont le bas était teint en beau nuancé de rose. Elle avait l’air élégant et gracieux. Puis, elle s’envola on ne sait où, en faisant flotter les pans de sa belle jupe rose.

Depuis ce jour, le mari ne cessa plus de penser au visage de sa femme. Il dessinait en son coeur la figure qui s’était éloignée de lui et soupirait pour sa femme bien aimée. 
Il composa une chanson et il la chantait. 

Koi wa mina waga he ni ochi nu tamakagiru haroka ni mie te ini shi ko yue ni

En mon coeur
tous les chemins languissants de mon amour se traînent
à cause de toi,
tu es partie au loin et tu t’estompes dans la lumière tamisée
éternellement, je pense à toi 

Ainsi, le garçon qui était né de l’homme et de sa femme renarde fut nommé « Kitsune ». 
On l’appelait aussi « Kitsune no Atae », c’est-à-dire « officiant renard ». 
Ce garçon était très fort, herculéen et courait très vite comme un vol d’oiseau. Voilà l’origine du nom de la famille « Kitsune no Atae ». 

Texte issu du recueil « Nihon Ryôki »

Nihon ryōiki, édition japonaise

Nihon ryōiki, édition japonaise

Le Nihon ryōiki (日本霊異記« Relation des choses miraculeuses et étranges du Japon ») est un recueil japonais de setsuwa (anecdotes) écrit au début de l’ère Heian. Son titre exact est Nihonkoku genbō zen’aku ryōiki (日本国現報善悪霊異記« Relation des choses miraculeuses et étranges concernant la rétribution du bien et du mal dès cette vie présente, arrivées au pays du Japon »). Il est divisé en trois livres (ou maki), tous préfacés, et contient 116 récits, écrits en chinois.

On attribue son écriture au moine Kyōkai (景戒) de la région de Nara. La date de compilation est inconnue mais est estimée entre 787 et 822.

Le Nihon ryōiki offre des textes très moralisateurs (Loi bouddhique), mais décrit avec précision la vie, les coutumes et les mentalités du Japon de cette époque.

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